Sunday, 23 April 2017

[Nouvelle n°2] - RUN - Saorsa Reading

Hello ! 
Je vous retrouve aujourd'hui avec un nouveau texte que j'ai pris plaisir à écrire ! ^^ J'ai attrapé énormément de retard dans mes lectures et je me suis dis que ça pourrait être chouette de vous partager mes écrits en attendant de poster des chroniques de livres ! 😊 J'espère que cette nouvelle vous plaira ! 😘


J'ai peur maman. Mes jambes me font mal, mon coeur bat trop vite et ma tête tourne un peu. Le vent me gifle le visage et m'empêche de penser correctement. Nous galopons à travers cet immense champ qui semble vouloir nous engloutir, nous couper du monde, nous faire disparaître. Il n'y a aucune échappatoire, aucune issue. Juste un océan d'herbe verte qui ne paraît pas prendre fin. Qui ne veut pas nous laisser la moindre chance.

J'ai peur, car je sais que je ne te reverrai plus maman. Pourtant, tout semblait normal ce matin. Je me suis levé de bonne humeur, attiré par l'odeur des crêpes dans la cuisine. Je t'ai embrassé deux fois sur la joue gauche, comme d'habitude, et j'ai pris place à tes côtés afin de déguster le petit déjeuner que tu avais préparé. J'ai écouté ta douce voix me raconter des blagues et me dire à quel point tu m'aimais. J'aurais dû te répondre que moi aussi, que tu étais la meilleure et que jamais je ne voulais que tu ne meurs. J'aurais dû te dire tout ceci au lieu de te sourire comme un idiot. Pour finir, je t'ai laissé mettre du désordre dans mes cheveux avant de te regarder partir travailler.

Fais attention lorsque tu iras chez Tyler, mon chéri. Même si il habite en face. Les voitures roulent beaucoup trop vite par ici...

C'est ce que j'ai fait maman, je te le jure. J'ai regardé à gauche et à droite avant de traverser la rue et je suis arrivé chez lui sans encombre. Nous avons joué aux billes sur la terrasse durant quelques heures et puis nous nous sommes allongés dans la pelouse pour contempler les avions qui volaient dans le ciel. Tom est arrivé un peu plus tard. Il portait sa belle chemise blanche, celle du dimanche pour aller à l'église. Il était essoufflé et la panique se lisait sur son visage. Il nous a expliqué qu'il fuyait Brandon et Jace. Je t'ai déjà parlé d'eux, tu t'en souviens ? Ils sont plus grands que nous et ils s'amusent à nous faire peur. On s'est levé d'un bond pour voir si ils l'avaient suivis. Au bout d'un moment, une tignasse blonde est apparue devant le portail, suivie d'une autre de couleur brune.

- Venez par ici, que je vous montre quelque chose.

On a obéit, forcément. Quelque chose dans la voix de Brandon nous empêchait de protester. On s'est tous les trois plantés devant lui, la boule au ventre et appréhendant les coups que l'on recevrait certainement. Sauf que ses mains sont restées cachées dans son dos.

- Vous savez que mon père est flic pas vrai ?

On a hoché la tête en même temps.

- Regardez ce que j'ai trouvé dans son bureau ce matin.

Il a tendu un fusil vers nous, le sourire aux lèvres et fier de nous voir inquiets.

- On va jouer à un jeu : je vous laisse 1 minute pour courir le plus loin possible. Le but étant d'être assez éloigné pour que je n'arrive pas à vous tirer dessus. Une espèce de chasse à l'homme si vous préférez.

Jace nous a lancé un regard mauvais et nous nous sommes dépêchés de quitter le jardin. Tyler nous a fait signe de le suivre. On savait où est-ce qu'il voulait nous emmener. Son père et lui avaient construit une cabane dans les bois et il fallait passer par le champ afin de s'y rendre. C'était notre repère, là où l'on s'échangeait nos secrets, où l'on faisait des projets. Personne d'autre que nous n'était au courant de cet endroit et il nous semblait que c'était le meilleur moyen de leur échapper.

Certains adultes nous ont fait un signe de tête attendri, certainement convaincus qu'il ne s'agissait que d'un jeu innocent. Nous n'avons pas eu le temps de leur demander de l'aide, trop occupés à fuir les deux brutes qui nous menaçaient. On entendait plus que le boucan que faisaient nos pas en tapant le bitume ainsi que le bruit de notre souffle saccadé. Les larmes qui s'accumulaient derrière mes yeux ont brouillé ma vue à plusieurs reprises et j'ai bien faillis trébucher quelques fois. Mais j'ai tenu bon, du moins jusqu'au champ.

Il n'a pas fallut longtemps à Brandon pour nous rattraper. Il se tenait à quelques mètres à peine derrière nous. Je l'entendais rire et nous crier qu'il allait nous avoir, que nous ne serions plus qu'un simple souvenir. A ces mots, mon cœur s'est serré. Je me suis dis que j'allais devenir un souvenir, comme papa, et que tu serais seule. Que tu allais devoir faire le deuil d'une personne qui t'étais chère une nouvelle fois. Celui de ton unique enfant. J'ai froncé les sourcils très fort, me sentant coupable de t'infliger autant de peine. Je n'ai jamais voulu ça maman, je te l'assure.

Le premier tir est parti. J'ai sentis la balle me frôler de près et faire siffler l'air. Tom est tombé à genoux. Sa belle chemise blanche s'est soudain mise à changer de couleur au niveau de son dos. Il n'a pas hurlé. Il n'en a pas eu le temps. Sa tête a heurté une pierre et il a perdu connaissance. Je me suis arrêté près de lui, le secouant par les épaules et essayant de le réveiller. Je ne voulais pas partir sans lui. Mais ses yeux sont restés clos. Je l'ai serré contre moi et j'ai pleuré. Sa respiration était très faible, presque inexistante. Je l'ai appelé par son prénom encore et encore, mais il ne s'est rien produit. 
Brandon et Jace sont arrivés à notre hauteur, pas du tout choqués par ce qu'ils venaient de faire. J'ai observé Tyler au loin. Il était presque arrivé à l'entrée du bois. Je lui ai souhaité bonne chance silencieusement avant de me retourner vers mes bourreaux.

Brandon a pointé l'arme vers ma tête et a finit par la descendre sur mon torse. J'ai pris la main de Tom et je l'ai coincée très fort dans la mienne. Je n'ai pas eu le temps de le supplier de me laisser partir. En moins de deux secondes, j'étais à terre moi aussi. Le choc fut violent, insoutenable. Je n'avais jamais eu aussi mal quelque part. Je n'ai pas lâché la main de Tom.

- On va s'en sortir, je te le promets.

Les sirènes d'une voiture de police se sont fait entendre au loin. J'ai souris faiblement, persuadé qu'ils venaient pour nous. Sauf que leur écho s'est éloigné et qu'il n'est resté que le silence pesant de ce maudis champ.

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