Saturday 22 April 2017

[Nouvelle n°1] - BALLERINA - Saorsa Reading

Hello tout le monde ! 
Aujourd'hui, j'ai envie de partager avec vous un texte que j'ai écris il y a quelques jours en me basant sur une image. J'espère que celui-ci vous plaira ! ^^ N'hésitez pas à me donner votre avis et à me dire si vous avez aimé ou non ! ;) Passez une bonne soirée !
Des bisous ! 


Elle s'incline, fait la révérence. Les lumières se focalisent sur son corps frêle, fragile, fatigué. Elles mettent en valeur son teint lisse et pâle ainsi que la couleur sauvage et enivrante de ses cheveux. De là où je me trouve, j'arrive à distinguer les quelques spasmes qui secouent ses épaules. C'est discret, presque secret, mais je le remarque tout de même. Ses larmes dévalent lentement ses joues sans éclat, s'écrasent lourdement sur le sol et disparaissent dans les rainures du bois. Personne ne bouge, personne ne s'en aperçoit. Ils applaudissent tous. Sauf moi. Comme tous les soirs.

Elle finit par se relever doucement, fait face au public, esquisse la moitié d'un sourire et retourne en coulisses. Je me plante en face de sa loge, colle mon oreille sur la porte et attend que quelque chose se produise. Je n'entends rien. Juste le silence pesant qui prend possession de la pièce. Aucun signe de vie, aucune trace d'elle. Pourtant, je sais qu'elle est assise dans un fauteuil en cuir brun, les mains portées à son visage afin d'étouffer ses sanglots. Je le sais, car je la vois par le trou de la serrure. Comme tous les soirs.

Mon cœur se serre, me fait mal. Il me chuchote d'entrer à l'intérieur, de l'entourer de mes bras et de lui dire que tout ira bien. Que je suis enfin là. Sauf que je n'ai pas assez de courage pour passer à l'acte. Alors, je reste là et je la contemple se consumer comme une cigarette. J'admire les cendres de son âme se faire emporter par le vent. J'admire la tristesse qui coule sur son visage. J'admire à quel point la vie semble s'échapper d'elle comme une fumée emplie de noir, de regret et de haine. Je l'admire juste. Comme tous les soirs.

Je sais qu'elle quittera les lieux comme si de rien était. Qu'elle dira bonsoir au gardien et qu'elle lui fera son plus beau sourire avant de sortir du bâtiment. Je sais qu'elle rentrera chez elle en s'efforçant de ne pas pleurer sur tout le chemin du retour. Qu'elle donnera à manger à son chat avant d'enlever sa belle robe de ballet rouge. Qu'elle ira se coucher peu de temps après, appréhendant de se lever le lendemain afin d'entamer une nouvelle journée. Je sais tout cela, car je la suis. Comme tous les soirs.

Cette robe rouge... J'en connais les moindres détails. Les pétales rouges qui forment le tutu sont d'une couleur exaltante. Le tissu paraît en vie, débordant d'énergie, de soleil et d'envie. Tout le contraire d'elle. Cela fait un contraste assez frappant avec sa chair couleur porcelaine. J'aimerais tellement qu'elle soit heureuse comme sa robe le laisse croire. Je l'aimerais tellement. Comme tous les soirs.

Parfois, lorsque je suis couché dans mon lit et que je regarde le plafond, j'arrive à me convaincre d'aller lui parler. J'imagine sa réaction lorsqu'elle apprendra que je n'ai jamais raté un seul de ses spectacles. Que je la trouve formidable et qu'elle possède un talent incroyable. Qu'elle illumine la scène par sa simple présence et que quelque chose de magique se dégage de son corps lorsqu'elle se met à virevolter sur les planches. Mais je finis toujours par me dire que ce n'est pas une bonne idée. Qu'elle ne voudra certainement même pas m'écouter. Alors, je pleure. Comme tous les soirs.

Il n'y a plus d'étincelles à l'intérieur d'elle. Enfin si, mais seulement lorsqu'elle se retrouve devant son public. Elle danse en y mettant toute l'énergie qu'il lui reste. Elle danse avec son âme. Elle danse pour faire tourner son monde. Car celui-ci s'écroulerait si jamais venait le jour où elle devait arrêter. Les murs de son univers exploseraient en un million d'éclats difficiles à réparer. Impossible à réparer. Elle se fanera comme la rose qu'elle est. Et il n'y aura plus que l'obscurité.

Un jour, je l'espère, j'irai vers elle et je lui tendrai la main. Je lui dirai à quel point elle est belle, comme la première fois que mes yeux se sont posés sur elle il y a de cela 25 ans. Qu'elle ressemble beaucoup à sa mère.Je lui dirai que je suis désolé de ne pas avoir été là et que je m'en veux un peu plus chaque jour. Que j'aurai aimé être un bon père et qu'elle méritait d'en avoir un. Que je ne voulais pas être la source de tout ce chagrin. Que je ne voulais pas la voir perdre espoir. Je lui dirai tout ça. Parce que je voulais devenir la seule et unique passion de sa vie. Et que je le regrette amèrement. Comme tous les soirs.

4 comments:

  1. Ce texte est magnifique !! Les détails que tu apportes sur la danseuse sont très touchants. De plus, être à la place du père , rend ce texte encore plus magnifique.
    Bravo !!!

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    1. Merci merci merci !!! Ca me fait vraiment très plaisir de lire ton commentaire ! 😄😄😄❤

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  2. Woooooow très beau texte ! Franchement bravo ! :D

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    1. Merciiiiiii !!! C'est super gentil !! 😄❤

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